Ah encore un sujet qui divise ! Pour certains, l’homéopathie n’est qu’un amalgame d’eau et de sucre, pour d’autres, c’est l’alternative « naturelle » et donc non nocive.
Et pourtant… tout porte à croire que l’homéopathie, pourtant inventée par un idéaliste dans un siècle où la médecine était encore brinquebalante, n’est qu’une fumisterie qui a réussi à perdurer durant deux longs siècles. C’est ce que je vais essayer de démontrer.
Docteur Samuel Hahnemann, diplômé de médecine à l’âge de 24 ans en 1779, n’était pas vraiment passionné par son métier qu’il qualifiait « d’ingrat ». Il préférait écrire que consulter, jugeant la médecine de l’époque inefficace et trop invasive, ce qui était assez vrai. (la saignée par exemple)
Jusqu’au jour où il traduisit un livre du docteur William Cullen qui traitait notamment de l’utilisation du quinquina afin de soigner la fièvre des marais (équivalent du paludisme aujourd’hui). Hahnemann décida alors de tester cette méthode sur lui-même : de cette première expérience, il ressentit une fièvre très ressemblante à celle des marais, de là, il remit au goût du jour le principe de similitude d’Hippocrate : « pour guérir une maladie, il faut administrer un remède qui donnerait au malade, si il était bien portant, la maladie dont il souffre ». En gros, il faut traiter le mal par le mal. Le premier principe d’homéopathie était né, le second sur lequel repose les quantités infinitésimales ne vinrent que bien plus tard.
Malmené dans son pays d’origine, l’Allemagne, c’est en France qu’il fût couronné de succès, en partie grâce à celle qui deviendra sa seconde femme, qu’il sauva de la tuberculose. D’origine française et de 40 ans sa cadette, elle l’invita à la suivre en France afin de le faire connaître et de vanter la prouesse qu’il venait d’accomplir. Nous sommes en 1835, Samuel a 80 ans, et outre ce quart d’heure de gloire attendu toute sa vie, il avait trouvé la personne à qui transmettre son savoir. L’idée de quitter ce monde et d’emporter l’œuvre de sa vie avec lui le terrifiait.
Avant d’affirmer ou d’infirmer l’efficacité de l’homéopathie, il convient d’en connaître le procédé de fabrication.
Il existe deux méthodes de fabrication :
C’est là que le bât blesse : les TM sont tellement diluées que vient la question justifiée de l’efficacité. Depuis presque 200 ans, aucune étude n’a réussi à prouver l’efficacité de l’homéopathie, certains scientifiques affirment même qu’au-delà de 12CH, il ne reste plus une seule molécule de TM dans l’eau. Pire, pour 30CH, cela équivaudrait à un litre d’eau dans notre galaxie, la Voie Lactée !
Le contre-argument le plus souvent rencontré est la théorie de la mémoire de l’eau : cette idée est issue d’une étude datant de 1988 publiée dans la revue Nature. Les scientifiques ont émis l’hypothèse selon laquelle l’eau qui a été en contact avec une molécule garde en mémoire les effets de cette-dite molécule, même si elle n’est plus présente, comme c’est le cas lors des hautes dilutions. Mieux encore, elle conserverait le souvenir de molécules qui n’ont pas été en contact direct mais en contact avec de l’eau qui l’a été. Un genre de système de communication entre molécules d’eau.
Il se pourrait même que l’eau conserve le souvenir d’une molécule qui été en contact avec de l’eau, cette dernière en contact avec de l’eau, qui a été avec l’eau etc.
Vous aussi ça vous paraît rocambolesque ? Ça voudrait dire quoi ? Qu’on boit de l’eau qui a gardé en mémoire tous les cacas de la planète ? Ben, oui moi j’ai de suite pensé à ça !
Plus sérieusement, cet argument a été débunké des dizaines de fois, preuves à l’appui, mais il a la peau dure depuis 30 ans puisqu’on nous le ressert sans arrêt.
L’homéopathie a toujours été controversée, mais toujours sauvée car au fond elle n’a rien fait ! (oui il fallait bien que je fasse la blague)
Enfin rien, pas tout à fait : s’il demeure un argument en faveur de cette médecine, c’est bien celui de l’effet placebo.
La France a demandé en 1985 une étude sur l’efficacité de 2 médicaments homéopathiques : opium 15 CH et raphanus 5 CH. Les résultats de cette étude, publiés dans la revue The Lancet, sont sans appel : aucune amélioration de l’état des patients n’est observée.
Depuis, des centaines de tests en double aveugle ont été effectués, des travaux, des études indépendantes dans le monde entier, sur tous types de maladies, AUCUNE ne démontre l’efficacité de cette médecine.
Le National Health and Medical Research Council, ou NHMRC, équivalent australien de notre INSERM, s’est lancé dans la complexe entreprise d’étudier 57 méta-analyses, soit 176 études scientifiques, puis 496 publications de défenseurs de l’homéopathie. Encore une fois, rien de convaincant… quelques études scientifiques concluent à un effet placebo. Quant au publications, aucune n’a été jugée valide par manque de rigueur scientifique.
Le conseil australien a été le premier à se lancer dans une méta-analyse de cette envergure.
(méta-analyse : méthode scientifique systématique combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur un problème donné, selon un protocole reproductible. )
Avant cela, le prestigieux The Lancet avait publié les résultats d’une méta-analyse réunissant 8 chercheurs et portant sur 19 banques de données médicales. Une fois de plus, le couperet tombe : les scientifiques confirment l’absence de supériorité évidente de l’homéopathie sur l’effet placebo.
On est à un chouilla du consensus scientifique…
Supprimer ou interdire la vente de médicaments homéopathiques serait liberticide. L’alternative du déremboursement, c’est ce que préconisent les académies de médecine et de pharmacie.
En vue de la réforme de la sécurité sociale, la HAS (haut autorité de la santé) va devoir plancher sur plus de 1200 médicaments homéopathiques afin de déterminer si ces derniers sont efficaces ou non.
Les Français sont attachés à l’homéopathie, et ça commence déjà à grincer des dents…
Il est donc urgent d’informer les populations sur ces produits, et d’arrêter de les mettre en avant. Une pharmacie, c’est avant tout un commerce, mais quand je vois une photo de « vaccin homéopathique » (voir image ci-dessous) sur le comptoir d’une officine, je n’appelle plus ça du business mais de l’escroquerie. Les pharmaciens utilisant de tels procédés afin d’induire le consommateur en erreur ont soit perdu toute déontologie, soit complètement idiots, et vu le niveau d’études requis pour ce métier je pencherais plutôt pour la première hypothèse. Nous parlons de santé ici, les personnes les plus vulnérables faisant confiance aux prescripteurs que sont les pharmaciens peuvent se mettre en danger en refusant un vaccin anti-grippe au profit de cette poudre de perlimpinpin.
Alors oui, ce sont des cas isolés… Mais qui prouve une fois de plus qu’il est important de stimuler notre esprit critique, de ne pas laisser dans l’ignorance des personnes fragiles, de les protéger.
Rien n’empêche les personnes de continuer d’acheter leur boules de sucre à 500€ le kilo, mais à leur frais… L’effet placebo fonctionne, c’est indéniable, notre cerveau est un puissant médicament à lui seul. Seulement, la solidarité nationale est exsangue, nous ne pouvons plus nous permettre de payer pour ce type de thérapie.
Pour ce qui est des médecines douces, les huiles essentielles, même si elles n’ont pas pour vocation de remplacer un traitement médicamenteux, sont fabriquées de façon opposée. Elles peuvent amener une aide pour les « petits bobos » ou désagréments, je pense par exemple à l’effet répulsif contre les poux avec l’HE de lavande. Là où on ne trouve plus d’agent actif dans l’homéopathie, on en trouve de manière ultra concentrée dans les huiles essentielles. Ne serait-ce pas ici un parfait compromis ?
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Hahnemann#cite_note-2
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l-homeopathie-pas-plus-efficace-qu-une-pilule-de-sucre_28730
http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/hahnemann.html
http://www.unice.fr/zetetique/articles/HB_memoire_eau.html
http://www.lepharmaciendefrance.fr/actualite-web/on-ne-vaccine-pas-avec-de-lhomeopathie